Pour un grand plan national de revalorisation des métiers du périscolaire

Lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse au sujet de la pénurie d’animatrices et animateurs périscolaires à laquelle font face les collectivités territoriales

Monsieur le ministre,

En ce début d’année scolaire, partout en France, les collectivités territoriales font face à nouveau à la pénurie d’animatrices et animateurs périscolaires. En cause : le manque de reconnaissance des métiers de l’animation en général et de celui d’animatrice et animateur périscolaire en particulier qui, au fil des années, a engendré une perte d’attractivité du secteur et de réelles difficultés structurelles de recrutement. La crise est profonde. Il y a urgence à agir ! Nous en appelons à un sursaut du Gouvernement pour un grand plan national de revalorisation des métiers de l’animation, avec une attention particulière au périscolaire.

Agir, c’est ce que font depuis longtemps de nombreuses collectivités, pour tenter de mettre fin à cette situation. Ces villes, que nous représentons en tant qu’élu.e.s écologistes et de gauche à l’Éducation, s’engagent pour l’amélioration des conditions de travail de ces professionnel.le.s ce qui se traduit par des moyens financiers conséquents : augmentation de leur temps de travail, consolidation de l’encadrement de proximité des équipes, déeloppement des formations, développement des compétences pour l’accueil des enfants en situation de handicap, déploiement d’animateurs spécialisés handicap, renforcement de la complémentarité des temps entre périscolaire et extrascolaire, titularisation de contrats d’animation, …

Tous les leviers à notre niveau sont actionnés mais nous ne pouvons à nous seuls résoudre cette crise, qui attend des réponses et propositions structurelles qui relèvent de l’échelon national.

L’enjeu est grand car le temps d’accueil périscolaire est un temps essentiel du quotidien de près de 3 millions d’enfants. Il est un temps éducatif à part entière, complémentaire du temps d’enseignement scolaire, alliant découvertes et ouverture au monde, permettant l’expression d’une grande diversité de savoirs, savoir-être et savoir-faire, participant de la socialisation des enfants et de leur épanouissement, de leur émancipation. Cet accueil est au cœur des enjeux de mixité sociale et de lutte contre les inégalités, notamment dans l’accès à la culture, au sport et aux loisirs. Représentant parfois jusqu’à 6 heures dans la journée de l’enfant, il constitue aussi un véritable soutien à la parentalité et à notre économie : quel parent pourrait aujourd’hui concilier son travail ou sa vie sociale et sa vie familiale sans accès au service rendu par l’accueil périscolaire ? Sans des professionnel.le.s de l’animation en nombre suffisant, formés, et des équipes stables, le temps périscolaire est menacé de devenir une garderie en lieu et place d’un espace éducatif à part entière.

Que fait le Gouvernement ? En novembre 2021, la secrétaire d’État à la Jeunesse, lançait les Assises de l’animation afin de répondre aux profondes difficultés rencontrées par le secteur de l’animation. Puis le 22 février 2022, c’est le plan “pour un renouveau de l’animation en accueil collectif de mineurs” qui était présenté. Mais il n’y a toujours aucune réponse concrète du gouvernement. Si ce n’est sa volonté, à travers le projet de loi de finance 2024, de supprimer son soutien financier aux activités périscolaires pour les communes ayant choisi la semaine de 4,5 jours. Cette annonce, incompréhensible et révoltante, prise sans aucune concertation, met en péril l’ambition éducative des collectivités territoriales engagées. 

Nous, élu.e.s écologistes et de gauche  en charge de l’Éducation et des Projets Éducatifs de Territoire, sommes attachés aux valeurs de l’éducation populaire, et nous appelons le Gouvernement à :

• garantir la pérennité du fonds de soutien aux activités périscolaires et abandonner tout projet de réduction de celui-ci, notamment pour les communes ayant fait le choix de conserver la semaine de 4,5 jours dans l’intérêt des enfants ;

• associer réellement les collectivités territoriales aux prises de décisions et leur donner les moyens financiers à la hauteur des projets éducatifs ambitieux pour leur territoire ;

• mettre en œuvre un plan d’urgence pour répondre aux enjeux d’attractivité et de structuration de la filière animation et au malaise du secteur.

Des mesures urgentes et durables doivent soutenir une politique nationale volontariste accompagnée de moyens financiers. Il en va du bien-être de ces professionnels et de l’ambition éducative que nous portons pour tous les enfants dont nos écoles publiques ont la charge.

Ghislaine Rodriguez, adjointe au maire en charge de l’Éducation – Nantes

Hélène Paumier, adjointe au maire en charge de Éducation-Écoles publiques – Poitiers

Sylvie Schmitt, adjointe au maire en charge de l’Éducation, l’Enfance et la Jeunesse – Bordeaux

Sonia Tron, adjointe au maire en charge de l’Éducation – Villeurbanne

Julie Fontaine, conseillère municipale déléguée au Périscolaire et à l’Accompagnement à la scolarité – Poitiers

Christine Garnier, adjointe au maire en charge des Écoles – Grenoble

Stéphanie Léger, adjointe au maire en charge de l’Éducation – Lyon

Gaëlle Rougier, adjointe au maire en charge de l’Éducation – Rennes

Lydie Matéo, ajointe au maire en charge de l’Éducation, l’Enfance et la Petite enfance – Chambéry

Nicolas Martin, conseiller municipal délégué à la Restauration scolaire – Nantes

Jacques Vince, conseiller municipal délégué au Programme de Réussite Éducative – Villeurbanne

François Brochard, conseiller municipal délégué aux Activités périscolaires – Nantes