Vendredi 9 avril, François Prochasson Vice-président de Nantes Métropole en charge du droit au logement et du logement social, présente la délibération portant sur la création d’un fonds de lutte contre le sans-abrisme.
Le sans-abrisme : qu’est ce que cela signifie ?
Le terme fait référence aux personnes qui ont besoin d’une aide d’urgence pour trouver un toit, le point de départ pour reconstruire leur vie. Lorsque l’on parle de sans-abrisme, on a tendance à se focaliser sur les personnes sans domicile fixe ; or la notion peut faire référence à des situations qui sont souvent plus complexes et variés avec des parcours de vie qui conduisent à ces drames : ce sont les femmes qui fuient les violences dont elles sont victimes, les personnes qui sortent de prison, les jeunes qui quittent l’aide sociale à l’enfance ou encore les personnes qui vivent dans des bidonvilles. Bref, des personnes qui cumulent le sans-abrisme avec des situations de précarité épouvantables.
Comment réagit l’opinion publique ?
Face à la misère, l’opinion publique n’est pas indifférente et les statistiques ont établi que le risque de se retrouver à la rue fait partie des grandes préoccupations des Français·e·s, conscient·e·s qu’un jour au l’autre, ces situations de rupture peuvent advenir.
Se loger, n’est-ce pourtant pas un droit fondamental en France ?
Oui, ça l’est. Le droit à l’hébergement d’urgence est un droit inconditionnel, c’est -à-dire que l’Etat doit être en mesure de trouver une solution pour les personnes qui appellent le 115 et qui demandent un abri. Un arrêt du Conseil d’Etat, datant du 10 février 2012 le confirme. Or on voit bien qu’aujourd’hui, les moyens ne sont pas suffisants. L’Etat ne remplit pas ses obligations.
Combien y a-t-il de personnes sans abri sur le territoire de Nantes Métropole ?
Il n’est pas aisé d’établir des données chiffrées précises car les personnes à la rue ne se manifestent guère spontanément auprès des services sociaux qui sont supposés les aider. Néanmoins, on estime à un peu plus de 10 000 le nombre de personnes qui rencontrent, chaque année, des difficultés à se loger sur notre territoire. Dont environ 2 500 personnes vivent dans des bidonvilles, souvent sans accès à l’eau ni à l’électricité, dans des conditions d’hygiène abominables.
Où se réfugient les personnes qui n’ont pas de toit ?
Elles se rendent invisibles et trouvent des campements de fortune loin des regards. Certaines trouvent un refuge temporaire chez leurs proches, dans des hôtels, parfois dans leur voiture. Ce qui est certain c’est que toutes les communes de la Métropole sont confrontées à ce problème. Les maires doivent se démener pour trouver des solutions et tout laisse à penser que les réponses de solidarité seront plus efficaces si elles sont déployées à l’échelle métropolitaine.
Concrètement, quelles solutions vont être apportées grâce à la solidarité entre les maires ?
Concrètement cela veut dire que les communes qui ont des bâtiments momentanément vides ou bien la possibilité d’immobiliser du foncier pour de l’hébergement d’urgence pourront s’appuyer sur la métropole pour financer des travaux ou de l’accompagnement des personnes et travailler en réseau pour être plus efficaces dans les réponses qu’elles apportent aux personnes qui ont besoin d’un toit.
Et la création du fonds de lutte contre le sans-abrisme doit leur permettre d’y arriver ?
Le principe de ce fonds, sur lequel délibère le conseil Métropolitain du 9 avril, est bien d’aider à la création de solutions d’hébergement sur le territoire. Les communes conservent leur liberté de mettre en place les solutions qu’elles jugeront adéquates mais elles pourront maintenant solliciter la Métropole dans la perspective de réaliser des logements pour accueillir les personnes sans-abri sur leur territoire. Partiellement ou en totalité, la Métropole aide à financer ce type d’opération.
Avec quel budget ?
A l’unanimité, le Conseil métropolitain du 9 avril a adopté la création d’un fonds inédit de 2 millions d’euros pour la mise à l’abri inconditionnelle. Ce fonds a vocation à monter en puissance jusqu’à la du mandat, pour atteindre entre 10 et 13 millions d’euros avec les financements publics (Union européenne, État, région et département).