Samedi le Gesvres est sorti de son lit et a inondé jusque lundi une partie du périphérique nord, obligeant nombre d’automobilistes à se rabattre vers le centre de Nantes, qui s’est retrouvé saturé en quelques instants.
Il a suffi de quelques heures au Gesvres pour nous rappeler la vulnérabilité de notre organisation collective face aux risques écologiques.
Les pluies ont été abondantes certes, mais cette crue, c’est aussi le résultat d’un modèle d’aménagement du territoire qui dégrade petit à petit nos écosystèmes. Je rappelle que l’origine du ruissellement, et donc du risque de crues et d’inondations rapides, réside d’abord dans l’imperméabilité et l’érosion des sols qui se trouvent en amont des fleuves. Et que l’artificialisation et le tassement des sols sont les conséquences directes de l’urbanisation et de l’agriculture intensive.
Le périphérique, mes chers collègues, continuera d’être inondé, tant que l’on n’aura pas réussi à « garder l’eau » en amont.
Pour cela, nous devons impérativement nous diriger vers un urbanisme durable, qui tienne compte du zéro artificialisation nette. Nous devons également accompagner les agriculteurs vers une agriculture biologique, respectueuse et réparatrice des sols, ainsi que le fait l’EDENN sur le bassin versant de l’Erdre, en lien avec la chambre d’agriculture régionale.
Prévenir les inondations, s’est aussi reconnaître les services que nous offrent la nature, et notamment protéger les zones humides qui constituent de formidables outils de régulation en période de fortes pluies comme en période de sécheresse. Quand on voit aujourd’hui le défi croissant que posent les inondations, nous pouvons nous féliciter d’avoir conservé plus de 1200 ha de bocage et de zone humide à NDDL…
Je ne peux terminer cette intervention sur les risques d’inondation sans mentionner la nécessité de prendre en compte dans nos politiques la montée des eaux.
J’avais déjà évoqué lors du dernier conseil les nouvelles données du site américain « climate central » qui cartographie les zones à risques en matière de crue annuelle, dont Nantes et l’estuaire de la Loire font partie.
Ce lundi, c’est au tour de l’Agence Européenne de l’Environnement de publier une nouvelle série de cartes basées sur les dernières données scientifiques internationales du GIEC mais aussi de l’Administration océanique et atmosphérique nationale des États-Unis.
Pour +2°C, le niveau de la mer monterait entre 20 et 40 cm le long des côtes françaises. Pour +4°C, il monterait alors de 40 cm à 1 m ! Dans ce cas, à Nantes, les inondations surviendraient plus de cinq fois par an…
Combien de cartes nous faudra-t-il pour prendre toute la mesure du problème ? Les données convergent, on ne peut plus dire qu’on ne savait pas.
Le grand défi pour Nantes Métropole est triple : prévenir en arrêtant de nuire ; régénérer en embarquant vers une politique publique de la réparation ; protéger en adaptant l’aménagement du territoire aux données scientifiques.