Madame la Présidente, mes cher.e.s collègues.
Nous votons aujourd’hui le principe d’une réelle concertation citoyenne sur la question de la publicité sur notre territoire via l’élaboration du Règlement local de publicité métropolitaine et c’est une excellente chose.
Car oui la publicité – et a fortiori la publicité sur l’espace public – est un sujet éminemment politique. Donc oui, ces politiques publiques doivent être co-élaborées avec les habitantes et habitants, qui sont les premiers concernés.
Notre métropole a des ambitions écologiques fortes. Et parce que l’écologie touche à tous les aspects de notre vie, cette ambition touche à toutes les politique publiques. Malheureusement, on oublie trop souvent les effets du consumérisme et des importations de biens, qui sont toujours exclus des plans climat.
Car la question est délicate et complexe – comment lutter contre le consumérisme de manière concrète ? La société de consommation fait partie de nos vies, et si certains luttent, parfois péniblement, pour réduire leur impact personnel, , nous devons, en tant que territoire, faire notre part.
Dans son livre “Petit traité de la décroissance sereine” (Editions Pavlik, 2016) de L’économiste Serge Latouche a cette phrase percutante :
Trois ingrédients sont nécessaires pour que la société de consommation puisse poursuivre sa ronde diabolique : la publicité, qui crée le désir de consommer, le crédit, qui en donne les moyens, et l’obsolescence accélérée et programmée des produits, qui en renouvelle la nécessité.
La publicité façonne notre société, crée des convoitises malheureusesmalsaines : le besoin d’un SUV pour nos déplacements en ville, des femmes transformées en objet pour vendre des yaourts, ou encore des tramways qui vantent les mérites d’une compagnie aérienne lowcost, pour un week-end à l’autre bout de l’Europe pour moins de 50 euros. Bref, on le sait toutes et tous ici, la publicité nous vend un monde qui n’a pas conscience de ses propres limites. d’un temps passé..
Le règlement local de publicité actuellement en vigueur a été voté en 1997. 1997… J’avais alors 3 ans, une mise à jour semble bien nécessaire. Les objectifs énoncés sont clairs, il s’agit de “préserver le cadre de vie des Nantais, le patrimoine architectural, végétal et paysager de la commune, et une activité socio-économique s’exerçant sur le territoire de cette dernière.”
23 ans plus tard, au moment où nous allons le réformer, il convient de regarder la société d’aujourd’hui et de se poser la question suivante de manière éclairée : “comment préservons-nous le cadre de vie des Nantais et Nantaises” ? Ou autrement dit, quelle publicité est acceptable sur notre territoire, qui n’aille pas à l’encontre d’une métropole apaisée, non-sexiste, respectueuse des enfants etc… ? Réguler la publicité sur notre territoire, c’est aussi soutenir nos commerces de proximité, qui subissent de plein fouet l’installation des gros magasins industriels ou Amazon qui dépensent sans compter pour une publicité agressive.
Bref, je crois que vous aurez compris mon propos : réguler la publicité est un acte politique.
Les Élus de Nantes se sont engagé sur le point suivant. mesure 32 : « Refonder le règlement de publicité pour une réduction forte de la publicité, de la publicité numérique et lumineuse et notamment la nuit. ». Et bien allons-y !
Evidemment ce n’est pas simple; le Règlement Local de Publicité métropolitain ne peut résoudre toute l’équation, le mobilier urbain est exclu, il est difficile de contraindre le ‘contenu’, etc. Toutes nos ambitions en matière d’écologie et de préservation du patrimoine dépassent le cadre du règlement local de publicité. Ce règlement est un premier point d’étape. Assurons nous de sa solidité juridique et de son ambition. Et poursuivons le combat, avec les citoyens et les associations.Sur ce point Et rassurons- nous, nous ne sommes pas les seuls : de nombreuses villes, métropoles et intercommunalités sont aujourd’hui dirigées par des équipes qui veulent aussi changer le rapport à la publicité dans leur espace public. Regardons ce qui s’y passe, prenons exemple et donnons l’exemple pour mettre en cohérence nos paroles et nos actes.
Je vous remercie de votre écoute.