Pendant et après la crise sanitaire du COVID-19 : relocalisons les liens avec un projet écologiste au service de l’entraide

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Dans un contexte de crise sanitaire sans précédent, et suite au report des élections,

le mandat municipal 2014-2020 est prolongé.

L’occasion pour les écologistes et citoyens de faire le point sur la situation et de proposer des pistes d’action.

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Pendant et après la crise sanitaire du COVID-19 :

Relocalisons les liens avec un projet écologiste au service de l’entraide

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De par son origine mais aussi son ampleur, cette crise vient mettre en évidence un certain nombre de dysfonctionnements de notre société, que nous avons laissé courir, et donne raison à celles et ceux pour qui l’urgence sociale et écologique n’attendent pas.

Après un tel coup d’arrêt, qui pourra encore soutenir que notre modèle actuel de développement n’a pas des conséquences catastrophiques sur l’état de notre planète, et donc sur la vie humaine ? Les origines de ces pandémies sont écologiques, elles résident principalement dans la destruction accélérée des habitats qui poussent les animaux sauvages à entrer en contact avec des humains1.

Cette crise confirme également l’extrême vulnérabilité de notre système d’échanges mondialisé qui, en quelques semaines, peut vaciller2. L’interdépendance accrue entre nos pays n’a pas fait que favoriser la propagation de la pandémie, elle en a aussi limité les moyens pour y faire face, via une production de médicaments et de masques délocalisée à l’étranger, sans parler de l’influence considérable du confinement sur les marchés boursiers3.

Surtout, le confinement actuel révèle plus que jamais les disparités sociales de notre pays4. Accumulées dans le silence au fil des années, les inégalités redeviennent visibles en période de crise, et corroborent les constats documentés de longue date des sociologues, militants associatifs ou politiques de terrain.

Si le confinement, touche chacune et chacun d’entre nous, les ressources pour y faire face ne sont pas les mêmes pour tout le monde. La capacité de résilience ne sera pas la même si l’on est confiné H24 dans une maison avec jardin ou dans un logement insalubre qui nous rend malade, voire si l’on n’a pas de logement du tout… Elle ne sera pas la même pour une famille nombreuse en habitat social, en fonction que l’on a ou non accès à un ordinateur et internet, que l’on a ou non la possibilité de « faire classe » à la maison pour assurer la continuité pédagogique…

Comment ne pas se rendre compte également des grandes inégalités du monde du travail quand on voit les différences d’exposition des différents métiers face à l’épidémie5 ? Celles et ceux qui sont en première ligne pour assurer le bon fonctionnement du pays, et donc les plus exposé.e.s au risque de contamination, sont les mêmes qui subissent la diminution des moyens et dont les demandes de revalorisation restent lettres mortes.

Nous réaffirmons à ce titre notre soutien aux personnels soignants et notre engagement pour l’augmentation des moyens du service public, seul capable d’endiguer les inégalités d’autant plus en période de crise. La pandémie a mis en lumière les conséquences délétères de l’idéologie néolibérale sur nos services publics6 : comment en est-on arrivé à ce que, faute de lits disponibles, des médecins se retrouvent contraints de déterminer les personnes qu’ils vont sauver en priorité ?7

A l’avenir, il nous faudra repenser le système de santé national en lui redonnant des moyens d’agir, mais aussi lui donner un débouché local, en développant par exemple des centres de santé municipaux au sein des quartiers, les services publics de proximité se révélant essentiels en cette période de confinement.

En tant qu’élu.e.s de la République, nous devons rester uni.e.s pour venir à bout de cette période difficile. La cellule de crise de la Mairie, épaulée des services, est sur le pont pour déployer la réponse du service public local à la pandémie : mise en place de modes de garde adaptés pour les personnels soignants ; organisation de l’approvisionnement alimentaire de la ville en circuit-court ; ouverture de gymnase pour les sans-abris ; continuité des dispositifs d’aide alimentaire et d’aide sociale ; soutien aux associations, petites entreprises et acteurs et actrices de l’ESS…

Assurer la continuité du service public, c’est aussi être à l’écoute et soutenir les habitant.e.s et militant.e.s mobilisé.e.s dans des initiatives d’entraide, essentielles pour ne pas alourdir le bilan des inégalités sociales et l’exclusion des personnes les plus précaires en cette période de confinement :

  • la réouverture des marchés de la métropole qui pourraient être éclatés8 ou dispatchés par quartiers, pas plus dangereux que les grandes surfaces9 mais vitaux pour l’économie locale ;

  • la réouverture des jardins familiaux, espaces de respiration et économies d’appoint nécessaires pour celles et ceux qui ne disposent pas de balcons ou de jardins10 ;

  • l’organisation d’une information adaptée dans chaque quartier (affichage des gestes barrières dans les immeubles en plusieurs langues, accompagnement pour les personnes illettrées, dépôt de photocopies d’autorisation de déplacement) ;

  • la mise en place de mesures de logement d’urgence et d’accès aux besoins essentiels (santé, alimentation, acquisition à moindre cout de matériel informatique issu du réemploi…) ;

  • la mise à disposition d’éducateurs ou de médiateurs auprès de certains jeunes livrés à eux-mêmes, qui se regroupent et ne respectent pas les règles de confinement, et pour lesquels la seule intervention de la police n’est pas adaptée.

Si nous nous conformons strictement aux décisions prises par la préfecture et la ville, nous soutenons ces demandes qui, en prenant toutes les précautions nécessaires, rendraient la vie meilleure aux citoyen.ne.s.

Cette crise inédite nous pousse à repenser le lien entre l’Homme et son environnement qui fonde l’écologie politique. Face à l’ultra-individualisme et la consommation de masse prônés par la pensée néo-libérale, nous soutenons l’entraide et la localisation des activités.

En tant que collectivité, nous pouvons agir via des aides financières. Lundi 30 mars, le Conseil Départemental de Loire-Atlantique a fait voter une aide exceptionnelle sous condition de ressources pour venir en aide aux plus démuni.e.s durant la crise11. Un « minimum social garanti » d’urgence, reprenant l’idée du Maire écologiste Damien Carême, pourrait être envisagé pour les locataires de logements sociaux mis en difficulté par l’absence de rentrées financières, pour les salariés précaires ou indépendants, ou pour les parents ne bénéficiant plus de restauration scolaire à tarification sociale pendant cette période.

De même, il est important de soutenir des acteurs locaux qui subissent de plein fouet les effets du confinement. Ainsi du maintien des subventions de la ville aux acteurs culturels qui seront très pénalisées du fait des annulations de représentations sur plus de 8 mois, mais aussi de la demande de suppression de loyer exprimée par les locataires du MIN qui, si elle était mise en place, ne devrait concerner que les entreprises en grande difficulté.

Nous pouvons enfin agir en soutenant un système d’entraide « à 3 voix » articulé entre la ville, le tissu productif nantais, et les habitant.e.s dans le besoin accompagnés par les acteurs de terrain : mise à disposition de production alimentaire et d’équipements provenant du réemploi, à moindre coût voire gratuit, pourraient être des dispositifs déployés, ainsi que le fait déjà l’Autre Cantine et l’Autre Hangar. C’est aussi le moment d’accompagner des formes d’entraide qui resurgissent entre voisin.e.s, le « faire ensemble de proximité », en installant par exemple des référent.e.s par immeuble.

Pour chacune et chacun d’entre nous, cette crise constitue un coup d’arrêt brutal, qui peut dans les pires des cas se révéler cruel. Mais ne serait-elle pas aussi un moment à choisir pour revenir à l’essentiel12 ? Atterrir au sein d’une société écologique nantaise, respectueuse des équilibres naturels et robuste face aux crises, dont la relocalisation des liens et l’entraide sont devenus les éléments constitutifs de son vivre ensemble, d’autant que l’on sait aujourd’hui que ces mécanismes sont déjà présents au sein du monde vivant.13

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Notes

1Avec la déforestation, l’urbanisation et l’industrialisation effrénées, nous avons offert à ces microbes des moyens d’arriver jusqu’à nous et de s’adapter, le coronavirus étant un épisode parmi d’autres qui se multiplient à la surface de la planète :

https://www.monde-diplomatique.fr/2020/03/SHAH/61547

6 La situation de crise que subit l’Hôpital public est le fruit d’un long démantèlement programmé par les gouvernements successifs, aujourd’hui documenté. Voir notamment le travail des sociologues Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent : http://www.raisonsdagir-editions.org/catalogue/la-casse-du-siecle/

8 Ainsi que c’est le cas à Rennes ou Grenoble avec des mesures spécifiques (réduction des marchés avec produits locaux uniquement, grands marchés éclatés en petits marchés situés à 200m les uns des autres, jauge de 50 personnes max par marché) :

https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/les-marches-vont-reprendre-a-grenoble-explications-d-eric-piolle-1585237878

https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/rennes-8-marches-reduits-restent-ouverts-seuls-les-produits-locaux-sont-autorises-1585158260