La Maire de la Ville de Nantes, Johanna Rolland, vient de présenter la nouvelle saison de son plan de déploiement de la vidéosurveillance : après l’installation de 88 caméras de vidéo-surveillance en 2023, 80 caméras supplémentaires seront installées d’ici la fin de l’année 2024. À ce rythme, Nantes aura plus de 500 caméras de vidéosurveillance en 2026. Les élu·es écologistes et citoyens dénoncent l’accumulation de millions d’euros sur des outils technologiques inefficaces dans la durée et intrusifs dans la vie privée de toutes les Nantaises et les Nantais.
L’État, co-financeur de ce déploiement, profite des Jeux Olympiques pour déployer à titre «expérimental» la vidéo-surveillance algorithmique. Nous ne pouvons dissocier ces deux actualités tant la stratégie des fournisseurs de caméras est transparente : le premier niveau consiste à équiper les collectivités d’outils de vidéosurveillance, pour que les habitant·es s’habituent à les voir dans l’espace public. Le deuxième niveau consiste à expérimenter des nouveaux outils qui font appel à l’intelligence artificielle. L’objectif est clair, le troisième niveau consistera à généraliser les outils d’intelligence artificielle, adossée à de la vidéo-surveillance pour analyser en temps réel, nos comportements, nos déplacements, nos habitudes, nos activités.
“Le besoin de sécurité est légitime. Chaque faits de violence, de trafic, de vol et d’incivilité est un fait de trop. Ce constat ne justifie en aucun cas une hausse automatique des moyens de contrôle dont l’efficacité n’est pas prouvée.. Une étude de la gendarmerie publiée en 2021 montre que l’installation de caméras n’a aucun impact sur la prévention de la délinquance et que seulement 1,13% des enquêtes judiciaires sont résolues grâce à la vidéosurveillance. Il s’agit d’une solution coûteuse et obsolète qui n’aura comme effet, dans le meilleur des cas, que le déplacement du problème. » indique Marie Vitoux, co-présidente du groupe Écologiste et Citoyen à la ville de Nantes.
La décision d’étendre le nombre de caméras de vidéosurveillance a été prise unilatéralement et sans consultation des groupes composant la majorité municipale, nous le regrettons fortement. Une approche constructive au long terme est nécessaire et préférable à des mesures “pansements” demandées ou félicitées par l’opposition.
« C’est désormais assumé, la priorité est donnée aux outils technologiques face à la présence humaine. Le déploiement des caméras de vidéosurveillance va 3 fois plus vite que le recrutement des policiers sur le terrain. Le déploiement d’un Big Brother à la nantaise est un danger pour nos libertés, pour notre droit à la vie privée. Le droit à la sécurité passe par une présence sur le terrain et des moyens d’enquête. Aux côtés des habitant·es, nous demandons la création de trois commissariats de quartier, pour une présence de proximité, de terrain. » ajoute Simon Citeau, co-président du groupe Écologiste et Citoyen à la ville de Nantes.