
Avec la crise du COVID, le rôle essentiel du service public de santé pour faire face à la pandémie et protéger les populations a été mis en lumière, tout comme la casse sociale dont il est victime depuis trop d’années. Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a affirmé au printemps dernier la nécessité de «suspendre la portée» des projets et réorganisations hospitalières engagées avant la crise due au Covid-19, jusqu’à la réalisation de «l’inventaire de l’épidémie avec les soignants».
Nantes ne fait pas exception, avec un hôpital en tension permanente, la saturation de ses urgences, de sa maternité, de certains plateaux techniques… Le délai d’attente peut atteindre une année pour déclencher une IRM ou une intervention chirurgicale, ou pour faire hospitaliser un enfant en pédopsychiatrie. La détresse du personnel hospitalier est indéniable (240 000 jours d’arrêt de travail comptabilisés en 2019) quand autour les établissements périphériques sont soit saturés également, soit ferment des lits. Bref, notre hôpital est à l’agonie, et le projet du futur CHU ne rassure pas.
Suppression de lits, préservation des emplois, nombre de séjours en ambulatoire, suivi des hospitalisations… La Chambre régionale des comptes, dont le rapport sortira demain mardi 13 octobre, a ausculté les finances du CHU à l’aune du projet de nouvel hôpital, et on sait déjà que ses conclusions seront préoccupantes. Sur ce projet, qui devrait voir le jour dans 6 ans et qui prévoit la suppression de 350 lits alors même que les prévisions démographiques annoncent que la métropole aura augmenté de 50 000 habitant.e.s, les questions restent nombreuses et la pression qui pèse sur le personnel soignant et la qualité des soins est gigantesque, comme en témoigne les syndicats comme la CGT.
C’est pourquoi le groupe écologiste et citoyen de Nantes Métropole demande une pause du projet de nouveau CHU pour quelques mois, afin de le réévaluer à l’aune de la crise sanitaire encore en cours et de porter la voix des professionnels et des usagers. C’est un devoir moral, en tant que représentants d’un territoire et de ses habitant.e.s, et en tant que citoyen.ne.s. Ce devoir, c’est de porter la voix des professionnels de santé et des usagers, c’est de garantir un égal accès de tous au service public avec une prise en charge de qualité, c’est de garantir le droit à la santé.
Se précipiter, cela ne permettra ni de mieux soigner la population, ni d’améliorer la vie de nos soignant.e.s, ni de régler aucun de nos enjeux de santé. Discutons des options qui sont devant nous, étudions les alternatives, écoutons les revendications du personnel soignant, des patient.e.s, des citoyen.ne.s, sur leur vision du futur hôpital public. Et décidons ensuite, collectivement et de manière éclairée, de ce projet structurant pour les 50 prochaines années à venir.