Tribune publiée dans le Journal du Dimanche, le 18/03/2023
Le mouvement social de protestation contre la réforme des retraites prend une dimension très concrète ces derniers jours dans nos villes avec la grève des éboueurs. Cette situation est entièrement imputable au gouvernement et à sa volonté d’imposer aux travailleurs et travailleuses une réforme injuste et antisociale. Face aux menaces de réquisition, nous, élus en charge du service public des déchets des métropoles, réaffirmons notre soutien aux grévistes.
Nos collectivités ont, depuis de nombreuses années, travaillé à améliorer la qualité de ce service public pour les habitants et habitantes. Nous connaissons les réalités du terrain.
Nous savons, par notre expérience au quotidien, qu’un ripeur marche chaque jour un marathon de plus de 40 kilomètres, traîne chaque jour entre 4 et 5 tonnes de déchets, des centaines de bacs roulants, monte et descend des milliers de fois du marchepied à l’arrière du camion, le tout au milieu de la circulation automobile.
Nous savons ce qu’est le stress permanent, l’hyper vigilance de ce métier pour éviter les accidents.
Nous voyons des agents touchés par les maladies professionnelles, même parfois par un handicap suite à des accidents du travail.
Nous faisons tout ce que nous pouvons pour faire évoluer les métiers de la collecte des déchets pour que les agents et agentes aient de meilleures conditions de travail.
Le gouvernement choisit d’ignorer ces réalités et propose de fait dans son projet de réforme des retraites d’allonger la carrière des ripeurs de deux années. Nous l’affirmons, de concert avec les premiers concernés qui ont fait entendre leur voix ces derniers jours, demander cet effort, c’est condamner des agents de la première ligne à laisser au mieux leur santé, au pire leur vie, au travail. Partir en retraite à 64 ans quand on est éboueur, ce n’est tout simplement pas possible.
Nous sommes choqués que la question de la pénibilité de ces métiers soit ignorée à ce point par le Président de la République, le gouvernement et les députés de la majorité présidentielle.
Nous nous tenons aux côtés des agents du service public des déchets comme ceux des entreprises privées pour faire retirer cette réforme. Nous appelons les députés à voter les motions de censure qui seront présentées ces prochains jours à l’Assemblée Nationale.