En ouverture du Conseil Métropolitain du 7 février 2025, le groupe Ecologiste et Citoyen a présenté un vœu relatif à la mise à l’abri des personnes sans hébergement qui a été adopté à l’unanimité. Dans cet article, vous retrouverez le texte du vœu et la prise de parole du groupe, représenté par Vincent Boileau, Conseiller municipal d’Orvault, délégué à la précarité sociale, et Conseiller métropolitain.
EXPOSE DU VOEU
II y a quelques semaines encore, nous avons eu besoin de déclencher le plan Grand Froid pour protéger le nombre croissant de personnes – et en particulier d’enfants – à la rue. La situation se détériore de façon inacceptable : on évalue à près de 70% les personnes sans-abri qui n’appelleraient plus le 115, découragées par l’absence de solution. Selon le baromètre « Enfants à la rue », l’UNICEF recense en août 2024, 2 043 enfants dont près de 467 de moins de 3 ans sans solution d’hébergement.
Privés d’un hébergement d’urgence, ils sont obligés, avec Ieurs parents, de passer la nuit à la rue, dans une voiture ou sous une tente. Le soir, après l’école, ils n’ont aucun endroit où aller. Aujourd’hui, en France, plus de 2 000 enfants sont privés de conditions de vie dignes et sécurisantes.
Cet hiver comme tous les hivers, la situation devient intenable pour les services d’urgence. Nous, élus locaux qui sommes en première ligne, tout comme des collectifs d’enseignants et de parents d’élèves, des associations, des citoyennes et citoyens, des parlementaires, interpellons régulièrement l’État dont c’est la compétence sur cette situation inacceptable.
Les températures négatives relevées début janvier 2024 avaient déjà amené l’Etat à déclencher le « plan grand froid » et le Gouvernement avait annoncé que des crédits supplémentaires de 120 millions d’euros seraient engagés pour renforcer le système d’hébergement d’urgence. Cette nouvelle enveloppe correspondant à 10 000 nouvelles places devait servir notamment à accueillir des femmes et des enfants à la rue. Cette proposition avait été soutenue par la délégation aux droits des femmes du Sénat et avait été votée par ce dernier. Sur ce sujet l’Etat, dont c’est la compétence, n’assure pas ses responsabilités, c’est inacceptable pour la dignité humaine la plus élémentaire et nous en payons les conséquences dans tous les sens du terme.
Aujourd’hui, 70 ans après la mobilisation pour la mise à l’abri de l’hiver 1954, la situation est plus que préoccupante. C’est pourquoi notre Conseil métropolitain, réuni le 7 février 2025, demande au Gouvernement :
- De tenir les engagements de concrétiser les 10 000 places d’hébergement d’urgence pour mettre à l’abri les enfants et leurs familles,
- De débloquer les moyens nécessaires pour que tout ou partie de ces places d’hébergement d’urgence soient effectives au plus vite et pour que l’accompagnement social nécessaire soit garanti par les services de l’Etat, les collectivités et les associations concernées.
INTERVENTION DE VINCENT BOILEAU
Conseiller municipal d’Orvault délégué à la précarité sociale et Conseiller Métropolitain
« La France s’enfonce dans la crise du logement », insiste le dernier rapport de la Fondation pour le Logement des Défavorisés paru ce mardi. En 2024, les chiffres sont plus qu’alarmants:
- 350 000 personnes sans abri : un chiffre record qui a presque doublé en l’espace d’une décennie,
- 735 personnes mortes dans la rue : le chiffre le plus élevé jamais dénombré par le Collectif Les Morts de la Rue.
- 2 043 enfants sont sans abri en France (et là on ne compte bien sûr pas les enfants mal-logés ou en bidonvilles), Un chiffre en augmentation de 120 % par rapport à 2020, c’est tout simplement catastrophique.
Il est toujours utile de le rappeler : le responsable de cette situation intolérable, c’est l’Etat. L’hébergement d’urgence, c’est la compétence de l’Etat. Or, force est de constater que les différents gouvernements qui se sont succédés depuis 2017 gouvernent avec les idées de l’extrême droite : stagnation voire diminution du nombre de places d’hébergement, loi “anti-squats” et criminalisation des mal-logés, multiplication des expulsions sans solutions de relogement, maintien de centaines de milliers de personnes dans la précarité administrative… Des mesures toujours plus délétères. La dernière circulaire du Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’inscrit dans cette continuité d’une politique dangereuse qui consiste à stigmatiser, suspecter et précariser les personnes à la rue. Une atteinte historique à notre société de droit et de justice.
En tant que responsables politiques, nous dénonçons ce choix délibéré de mettre en danger ces enfants, ces femmes, ces hommes à la rue. Nous refusons ce déni d’humanité. C’est pourquoi, à notre échelle, nous apportons des solutions, quand bien même nous n’avons pas tous les leviers en main.
Mais malgré tout ce volontarisme, cela ne suffit pas. Et nous avons de plus en plus d’alertes à propos de familles et d’enfants à la rue, pour lesquels des parents d’élèves se mobilisent. C’est la raison pour laquelle le groupe écologiste et citoyen a souhaité présenter ce vœu aujourd’hui et tient évidemment à exprimer son soutien à toutes les personnes concernées ou mobilisées sur le sujet.
Tout en maintenant la pression sur l’Etat et sans se priver de lui présenter la facture, nous invitons tous les maires et les adjoint·es sur le sujet à s’emparer de notre 1% métropolitain mise à l’abri et à soutenir les associations qui font un travail remarquable et sans relâche. Nous appelons tous les élu·es à soutenir leur Maire dans cette nécessité et cette urgence. Pour qu’il n’y ait plus aucun enfant à la rue sur le territoire de notre Métropole.