Simon Citeau – adjoint ville de Nantes – Conseil municipal du 4 décembre 2020
La police municipale “à la nantaise” doit être une police qui dialogue, en contact avec les habitants et le territoire, une police qui protège, au service de l’intérêt général, notamment les plus précaires, les plus fragiles, ou encore celles et ceux qui ont perdu foi en l’institution.
Les besoins et la réalité ne sont pas les mêmes au Vieux Doulon ou au Hangar à Bananes. La création de ces 29 postes va nous permettre de renforcer la proximité, renforcer le lien, renforcer les patrouilles pédestres pour plus d’échanges avec les habitants et les acteurs. Dans notre ville, la présence humaine doit pouvoir trouver sa déclinaison micro-locale sur chacun des 11 quartiers. Cela passe par un recrutement avec des profils divers et une formation des agents de police municipale.
Notre groupe, élus écologistes et citoyens, soutient la méthode et le recrutement des 29 policiers municipaux.
Pour autant, notre réflexion collective sur la sécurité ne peut faire l’économie de ce qui se passe au niveau national. Depuis plusieurs semaines, le ministre de l’Intérieur et sa majorité de plus en plus morcelée, essayent de faire passer en force une proposition de loi contre laquelle s’érige une forte mobilisation citoyenne et parlementaire.
On parle beaucoup de l’article 24. Un article qui choque d’autant plus qu’il cristallise toutes les dérives actuelles vers l’autoritarisme de notre gouvernement, et je cite pour exemple le mépris pour le droit à l’information, la liberté de la presse, ainsi que le puissant déni de la violence policière, violence policière qui sévit pourtant dans notre pays.
L’article 24 ne doit pas être un épouvantail qui occulte le débat sur l’ensemble du texte. Je tiens à rappeler ici que les 6 premiers articles permettent, à titre expérimental, d’élargir le domaine d’intervention de la police municipale en l’autorisant à mener des opérations qui relèvent de plus en plus du domaine de la répression.
Ces expériences n’ont pas leur place à Nantes car il va de soi que ce virage répressif ne pourra qu’entretenir la confusion entre la police nationale et la police municipale et qu’il détricotera encore plus le lien et le rapport de proximité entre la police municipale et les habitants. Force est de constater, qu’à Nantes, ce lien est souvent rompu.
Surtout, un virage répressif continuera de faire glisser les responsabilités de l’Etat sur les municipalités. Or, là où la ville se substituera, l’Etat ne reviendra pas. Notre groupe, élus écologistes et citoyens est opposé à cette loi liberticide et dangereuse pour la démocratie. La police “à la nantaise” doit pouvoir ouvrir d’autres voies que le tout sécuritaire.
Gardons le cap d’une réponse locale, conforme à nos valeurs écologistes et nos valeurs de gauche. Agissons en nous appuyant sur la prévention de l’insécurité et du risque de délinquance. Car nul n’a besoin de chercher longtemps pour comprendre que la délinquance naît de l’exclusion, de l’absence d’emploi subie, de la précarité, ou encore de l’accroissement des inégalités. Nul n’a besoin de chercher longtemps pour comprendre que la délinquance est liée au délitement du lien social auquel contribuent si fortement les violences policières qui se multiplient aujourd’hui.
Alors ramenons la tranquillité dans l’espace public. Cela ne peut se faire en brandissant au nez des habitants des matraques ou des drones. Appuyons-nous sur la médiation, le dialogue, l’éducation, la sensibilisation ou encore sur la répartition plus équitable des richesses de notre territoire. La meilleure des sécurités est celle qui prévient les actes au lieu d’attendre leur commission. Nos politiques à venir doivent refuser le tout sécuritaire et résolument favoriser l’humain.