Enjeux environnementaux, pollution de l'air, COVID-19 et santé des citoyen.ne.s : mieux prévenir et gérer les crises sanitaires avec l'écologie

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Catherine Bassani, élue écologiste déléguée à la santé environnementale et à la biodiversité à la Ville de Nantes, et présidente de l’EDENN (syndicat mixte du bassin versant de l’Erdre) réaffirme le lien avéré entre pollution de l’air et propagation du virus :

« La pollution de l’air est un facteur aggravant pour la propagation du COVID-19 à deux niveaux : d’abord, on sait que les personnes les plus touchées par la pollution de l’air sont aussi celles qui risquent d’être les plus touchées par la maladie, car l’exposition chronique aux particules fines affaiblit le système respiratoire et facilite l’entrée en profondeur du virus dans le corps. Ensuite, on soupçonne très fortement que la présence de particules fines dans l’air augmente aussi la vitesse de propagation du virus par voie aérienne. »

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Le confinement aurait-il alors pu être un bon moyen de ralentir le virus ? La pollution aurait dû, à première vue, drastiquement baisser au vu du ralentissement du trafic routier et des activités industrielles. En Pays de la Loire, cependant, on constate que la concentration en particules fines a au contraire augmenté entre le 13 mars et le 28 mars*…

« Si le trafic routier a effectivement fortement réduit ces dernières semaines, explique Catherine Bassani, nous étions en mars en pleine période d’épandages agricoles : les exploitations en agriculture conventionnelle ont été généreusement arrosées de pesticides ces dernières semaines ! Après le transport, l’agriculture est un des premiers facteurs de pollution de l’air… Couplez cela à des conditions anticycloniques défavorables à la dispersion des polluants, vous obtenez une concentration de l’air en particules fines très élevée sur toute la région. Y compris en ville. »

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Alors, que faire pour limiter l’exposition des personnes à ces particules bien présentes qui aggravent la crise sanitaire ?

« Dans l’immédiat et à titre préventif, en plus des gestes barrières déjà connus**, il est d’abord recommandé de garantir une qualité de l’air intérieur suffisante en aérant bien son logement deux fois par jour, surtout si l’espace de vie est restreint. Concernant la vulnérabilité aux particules fines dans l’air extérieur, il est aussi conseillé de porter un masque « normes AFNOR »*** lors des sorties dérogatoires. Le bénéfice est alors double : on ralentit directement la propagation du virus tout en se protégeant mieux des particules fines présentes dans l’air. De nombreuses associations et entreprises de l’ESS nantaises ont d’ailleurs déjà produit des milliers de masques pour les personnes les plus exposées****. Bravo à elles et eux ! »

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« Mais l’objectif à moyen-terme, c’est bien de faire baisser globalement la pollution de l’air et de manière permanente : en agissant en priorité sur les transports, avec le développement des modes de déplacement décarbonés, et sur l’agriculture, pour aller vers une agriculture zéro-pesticide. Par exemple, sur le bassin versant de l’Erdre, j’ai mis en place avec l’EDENN un programme d’accompagnement durable des agriculteurs vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et à terme vers l’abandon total des produit phytosanitaires. Un gain pour la qualité de l’air mais aussi de l’eau et des sols, avec des conséquences positives et durables sur la santé des personnes et sur les écosystèmes. »

« Finalement, encore une fois, on voit que les crises humaines, qu’elles soient sociales, économiques ou sanitaires, sont liées de très près aux enjeux climatiques et environnementaux ; on voit aussi que les réponses à ces crises, que ce soit de court-terme ou de long-terme, se trouvent dans des politiques écologistes très concrètes. C’est ce que nous faisons depuis 3 mandats, à Nantes, avec l’ensemble des élu.e.s écologistes dans leurs délégations respectives, et c’est le travail que nous poursuivons au quotidien avec les habitant.e.s, les acteurs et les spécialistes. »

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http://www.airpl.org/Publications/rapports/08-04-2020-COVID-19-evaluation-de-l-impact-de-la-3eme-semaine-de-confinement-sur-la-qualite-de-l-air-en-Pays-de-la-Loire

** http://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-pandemie-de-covid-19-mesures-barrieres-renforcees-pendant-le-confinement-et-en-phase-de-sortie-de-confinement/

*** https://normalisation.afnor.org/actualites/covid-19-un-document-de-reference-pour-fabriquer-des-masques-barrieres/

**** Pour en savoir plus sur la production locale de masques pour les travailleur.euse.s et bénévoles Nantais : Les couturières solidaires de Loire Atlantique: https://www.facebook.com/groups/217907612611243 – ou encore l’initiative lancée par Christophe Jouin et L’Autre Hangar avec déjà 500 masques produits pour les personnes précaires et sans-abri : https://metropole.nantes.fr/nantes-entraide/nantes-solidaire/lautre-hangarhttps://www.facebook.com/LAutre-Hangar-101499911500003/