En matière de lutte contre la pauvreté, le rôle des métropoles est capital.

Christophe Jouin – Conseiller métropolitain

Pour une Métropole solidaire et d’hospitalité

Madame la Présidente, chers collègues, 

Depuis plus d’un an, Nantes Métropole est un des 10 territoires “démonstrateur” de la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté des jeunes. Malgré des débuts compliqués, les six projets mis en place montrent la capacité de notre territoire à se saisir des questions de solidarités et à agir. Il faut en avoir conscience et l’assumer politiquement:  les métropoles peuvent jouer un rôle majeur en matière de solidarités et vu les circonstances, la nôtre va devoir renforcer sa stratégie de lutte contre la pauvreté. Il faut mettre en place avec nos partenaires institutionnels et l’ensemble des acteurs du territoire des dispositifs spécifiques d’aides aux jeunes en termes d’éradication de la pauvreté et d’insertion dans la vie sociale et économique. Parce que nous sommes une métropole nous nous trouvons confrontés à des enjeux propres et je voudrais citer seulement deux exemples que ce programme doit prendre en compte :

  • Les jeunes vivants en bidonville et particulièrement de la tranche d’âge des 11 à 16 ans. Ils sont nombreux à décrocher du système scolaire, notamment parce qu’ils sont baladés de campements en campements, devant à chaque fois repartir de zéro. Nous avons notre part de responsabilité dans ces drames.
  • Les jeunes adultes exilés isolés arrivés ces dernières années sur notre territoire, qui n’ont pas accès à la formation professionnelle ou à une scolarisation classique et pour lesquels il faut créer des lieux d’accueil de jour ou appuyer les initiatives associatives qui créent et gèrent de tels lieux. 

D’une manière générale, la paupérisation des jeunes et leur exclusion des systèmes d’accompagnement est un sujet grave. Il faut y consacrer les moyens car c’est un investissement sur l’avenir tant dans le domaine des dynamiques économiques de notre territoire que dans le domaine de la cohésion sociale.

Je veux terminer sur un sujet que je connais bien, et dont les épisodes dramatiques continuent à se jouer sous nos yeux, tous les jours, aux quatre coins de la Métropole et plus particulièrement à Nantes. La question centrale aujourd’hui, sur laquelle il nous faut aller vite, c’est celle des personnes à la rue. On va pouvoir continuer à poser des rustines  ici ou là avec des plans pauvreté bien pensés et d’ailleurs menés avec soin par les services et les acteurs. Mais on doit également être capables de dire collectivement : “ça suffit”. On peut continuer à regarder du côté de la Préfecture lorsqu’il s’agit de demandeurs d’asile qui se trouvent à la rue, et du côté du Conseil départemental lorsqu’il s’agit de familles, d’enfants ou d’adolescents. 

Je crois que ce temps est révolu, et l’heure n’est plus à la complainte de dire “telle ou telle institution ne fait pas son travail”. Nous avons dans les rangs de cette assemblée une                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         majorité de gauche, qui ne doit plus se poser la question de savoir si elle doit agir ou pas. Nous avons le devoir d’hospitalité de mettre en oeuvre dès aujourd’hui un plan d’action massif à destination de toute personne à la rue. Chaque drame, chaque nuit qui passe, accuse chacun et chacune d’entre nous.  

Je veux terminer par une citation de l’Abbé Pierre, qui fera sûrement consensus sur nos bancs. Il disait : “C’est quand chacun de nous attend que l’autre commence que rien ne se passe”. 

Merci de votre attention.