Egalité femme – homme : la route est encore longue

Interview de Marie Vitoux, conseillère municipale en charge de la mixité et diversité dans l’emploi

Inégalités homme-femme : quels sont les écarts qui vous marquent le plus ?

Tout le monde connaît le nom du ballon d’or de foot chez les hommes. Mais qui sait que Megan Rapinoe est ballon d’or féminin ? Dans les carrières et les salaires, dans la sphère domestique, dans les pratiques sportives et culturelles… et bien sûr dans l’exposition aux violences sexistes et sexuelles, les inégalités sont encore tellement présentes.

Florian Bercault, le maire de Laval, vient de prendre un congé paternité, les choses bougent…

Bien entendu, et nous devons nous en féliciter. Mais en réalité, cela ne devrait pas être une information, encore moins à la une d’un journal, cela devrait être une banalité. Cette couverture médiatique révèle qu’on est en retard et que le chemin est encore long !

On vient de célébrer les 10 ans de la parité homme/femme dans les conseils d’administration d’entreprise et la France est le meilleur élève européen. 

Il faut saluer cette avancée. Mais les dernières études montrent que la répartition des tâches reste très genrée dans les conseils d’administration. Les femmes, bien que davantage diplômées que les hommes, sont encore très peu nombreuses dans les lieux de pouvoir des entreprises. S’il n’y avait pas eu la loi, on n’en serait donc pas là. Preuve en est que les politiques publiques doivent agir. A titre d’exemple du chemin qu’il reste à accomplir, notre administration est encore loin du compte. Aujourd’hui à Nantes métropole, plus de 80% des femmes sont dans les filières administratives, et 86% des hommes dans les filières techniques !

A Nantes, que faire pour renforcer les politiques publiques en faveur de l’égalité ?

Nantes a déjà pris des mesures fortes avec Citad’Elles qui protège les femmes victimes de violences. Nantes a aussi organisé en 2020 les premières Journées du Matrimoine, pour mettre en valeur les femmes qui ont fait et font Nantes. On peut encore franchir un pas important, en mettant en place le budget sensible au genre.

Le budget sensible au genre, ça veut dire quoi ?

C’est une méthode qui permet d’examiner systématiquement les dépenses publiques à l’aune de leur impact sur l’égalité femmes/hommes. Par exemple, on pourra vérifier que nos subventions aux clubs de sport ne favorisent pas les activités pratiquées majoritairement par des hommes. En clair, il s’agit d’examiner systématiquement les dépenses publiques afin d’objectiver les différences de traitement entre les femmes et les hommes et de rééquilibrer la répartition des crédits budgétaires entre les sexes.Ce n’est pas anecdotique : l’égalité est un combat, et les dépenses publiques, un levier pour le gagner.