Tribune originellement publiée dans le numéro de janvier 2023 du magazine Nantes Passion
Par Christophe Jouin, Conseiller municipal en charge de la santé environnementale et de la grande précarité
Ces dernières années, la détresse psychologique touche de plus en plus d’adolescent.e.s et de jeunes adultes. Eco-anxiété, guerre en Ukraine, chômage et précarité… la vague de souffrance arrivée avec la pandémie de Covid 19 ne semble jamais vraiment retomber, et avec elle s’installent des cas d’une gravité sans précédent. Les jeunes ne parviennent plus à se projeter dans un avenir désirable, et ont le sentiment qu’aucune réponse politique crédible n’est donnée aux crises successives. En 2021,
- 40 % des 18-24 ans souffraient de trouble de l’anxiété
- 1 sur 5 connaissait des symptômes dépressifs.
Pire, à Nantes, les tentatives de suicide n’ont jamais été aussi nombreuses chez les enfants et adolescent.e.s, notamment chez les jeunes filles. En effet, nous sommes inégaux face à la santé mentale : certains groupes sociaux risquent plus particulièrement d’être atteints de troubles psychiques. C’est le cas notamment des personnes vivant dans la pauvreté, souffrant d’affections chroniques, ou des groupes minoritaires.
Face à cette onde de choc, le Gouvernement se contente de mesurettes sans réellement pallier ni au manque de lits en psychiatrie et pédopsychiatrie, ni à la souffrance des professionnels. Je souhaite d’ailleurs leur témoigner toute ma solidarité et ma reconnaissance. Ce défaut de prise en charge engendre une incapacité à repérer en amont les jeunes à risque et des délais incompatibles avec un état de souffrance psychique. Je m’associe à la demande des professionnels et de la Défenseure des droits, d’un “plan d’urgence” pour la santé mentale des jeunes. Des mesures rapides et concrètes doivent être prises pour soigner ces troubles, mais également pour lutter contre leurs causes et dessiner un futur souhaitable. Les pouvoirs publics doivent agir pour répondre à la précarité matérielle des jeunes, en ouvrant le RSA aux moins de 25 ans, en mettant à l’abri les mineurs isolés, etc. Nous devons aussi renforcer le service public de la santé sur notre territoire et mettre en place un accompagnement personnalisé et adapté, notamment concernant les questionnements liés au genre, en favorisant par exemple les initiatives de jeunes ayant connu des troubles qui sensibilisent et aident d’autres jeunes en souffrance. Partage, entraide et confiance doivent prévaloir pour garantir notre avenir !