Nommée maîtresse de conférence en sociologie à l’Université de Saint Etienne, Fanny Vincent, élue municipale et métropolitaine du groupe écologiste et citoyen est contrainte de renoncer à ses fonctions d’élue. Elle s’en explique dans une lettre.
« Cette démission si tôt dans le mandat relève avant toute chose de considérations professionnelles. Enseignante-chercheuse contractuelle et précaire, l’obtention d’un poste de maitresse de conférences était un objectif que je poursuivais depuis plusieurs années.
La précarité est aujourd’hui devenue une caractéristique structurelle de l’enseignement supérieur et de la recherche française, en proie aux réformes néolibérales visant à casser le service public, le statut des fonctionnaires et à rendre les universités « compétitives » sur le plan international. Précarité, tant dans sa dimension financière que dans l’incertitude sur l’avenir à très court terme qu’elle génère pour les jeunes chercheur.euse.s et leur famille.
Décrocher un poste de maitre.sse de conférences est un parcours du combattant : enchaînement des contrats de recherche et des périodes de chômage, des vacations dans différentes universités, payées avec des mois de retard, concurrence exacerbée sur les postes de titulaire (il est monnaie courante qu’entre 80 et 130 candidat.e.s se présentent pour un poste).
Chaque année, moins d’une trentaine de postes de maitre.sse de conférences en sociologie sont ouverts au concours. Pour avoir une chance de devenir enseignant.e-chercheur.se titulaire, il faut se résoudre à candidater sur des postes dans des villes souvent situées à plusieurs centaines de kilomètres de chez soi (les postes étant profilés sur certaines thématiques de recherche, la trentaine de postes mis au concours chaque année ne se résume en réalité qu’à 2, 3, 4 ou 5 postes pour lesquels le profil colle avec celui du.de la candidat.e).
Me concernant, après plusieurs échecs sur des postes à Paris, j’espérais avoir mes chances sur un poste ouvert cette année à Nantes, qui m’aurait permis de maintenir mon engagement comme élue municipale et métropolitaine. Malheureusement, j’ai été classée 4è (sur 100 candidat.e.s), mais ai eu la chance d’être classée 1è sur un poste à Saint-Etienne, m’obligeant néanmoins à déménager, avec le reste de ma famille, dans une ville où je n’ai aucune attache ni connaissance.
Cette démission n’entache en rien la détermination des élu.e.s écologistes et citoyens sur les questions de santé et d’accès à une santé pour tous.te.s, sur lesquelles je m’étais plus particulièrement investie. Et tout spécialement en ce qui concerne la préservation du service public de santé permettant l’accueil et la prise en charge de tou.te. s dans les meilleures conditions possibles, avec des moyens renforcés et non diminués. »