Intervention de Ghislaine Rodriguez :
Le groupe écologiste et citoyen a lu avec attention le rapport du Grand Débat Longévité. Ce document est d’une grande qualité, merci aux contributeurs et rédacteurs qui ont fait un très gros travail.
Ce que nous retenons de ce rapport, c’est que les enjeux de la longévité sont extrêmement révélateurs des problématiques de société en général. La situation de nos aînés donne à voir comme un miroir augmenté des enjeux qui concernent tous les habitants de notre Métropole, quel que soit leur âge.
Par conséquent, il paraît évident qu’en agissant de manière optimale pour tout le monde, on agit pour nos aînés : dit autrement, prendre soin de nos jeunes, c’est prendre soin de nos futurs aînés.
D’autre part, on voit bien que ce qui est bon pour nos aînés, le sera pour tout le monde. Vous savez, le principe de l’accessibilité universelle, qui dit que ce qui est bon pour les plus fragiles d’entre nous, l’est aussi pour nous tous – et qui s’applique d’ailleurs aux personnes âgées à mobilité réduite : ce qui est indispensable pour 10 % de la population, est plus confortable pour 40 %, et agréable pour 100 %.
Je m’explique avec quelques autres exemples :
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Sur les questions de santé, le rapport s’appuie sur la maxime « prévenir plutôt que guérir« . Mais prévenir, ça ne commence pas à l’âge de la retraite : c’est tout au long de la vie. La meilleure solution pour prévenir les problèmes de santé de nos aînés, c’est de prendre soin de nos jeunes pour qu’ils puissent, dans 20, 30, 40, 50 ans, vivre vieux en bonne santé. Les solutions sont donc « universelles » : agir sur la santé environnementale (pesticides, qualité de l’air et de l’eau, alimentation, sport), agir sur les conditions de travail, agir sur les modes de vie.
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Sur la vie de quartier maintenant : pour lutter contre l’isolement et favoriser l’autonomie des personnes vieillissantes, il est effectivement indispensable de redimensionner la ville à l’échelle du micro-quartier. C’est d’ailleurs l’échelle idéale pour mettre en œuvre la transition écologique et sociale : c’est relocaliser l’économie, favoriser le commerce de proximité, développer le lien social et la solidarité, favoriser la marche et le vélo plutôt que la voiture. L’hyper-proximité doit devenir notre modèle de fabrication de la ville ; indispensable pour nos aînés, plus vivable pour tout le monde et complètement vital pour le climat. C’est aussi dans cet esprit que l’habitat partagé et la co-habitation solidaire, seront sans doute bientôt à envisager pour chacun d’entre nous.
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Sur la situation des femmes aussi, on voit bien que la précarité des femmes âgées est la conséquence directe d’une vie entière de précarité et d’invisibilité. Et le plus terrible dans tout ça, c’est qu’elles sont précaires notamment parce que ce sont elles qui s’occupent de nos aînés, que ce soit en tant qu’aidantes ou en tant que professionnelles. Donc, agir pour les femmes âgées, ça veut dire avant tout agir pour toutes les femmes, pour l’égalité sociale et professionnelle, et plus particulièrement sur les conditions de travail dans le médico-social.
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Je prendrai un dernier exemple : notre rapport au travail. Avant, la vie était découpée en 3 périodes claires – étudier, travailler, être retraité. Mais aujourd’hui, les cartes sont rebattues : des jeunes chômeurs qui ont à peine 25 ans, des retraités « actifs » qui veulent continuer à se rendre utiles, ou encore des personnes qui changent de carrière 5 fois dans leur vie ou qui subissent ou choisissent de longues périodes sans activité… Le contrat social entre les générations est chamboulé – et dans ce cadre, le bénévolat, l’engagement civique, le soin aux personnes, le don de temps et toutes les activités utiles socialement sur lesquelles les retraités s’activent, tout cela doit prendre une nouvelle place dans notre société où le travail n’est plus à l’épicentre de la vie. D’autant plus que le droit à vivre décemment en dehors du travail est sans cesse menacé, comme en témoignent les mesures prises par le gouvernement soit-disant pour plus d’égalité !
Vous l’avez compris : On ne peut pas mettre « nos vieux » dans une case séparée des autres, avec des politiques publiques bien hermétiques à notre projet pour la ville et la Métropole. Prend soin des aînés, c’est comme prendre soin de la biodiversité : c’est protéger la société, c’est nous protéger nous !
Je terminerai cette intervention en précisant que les propositions gouvernementales sur la question des retraites ne va pas dans le sens de la justice sociale ni de l’attention à la pénibilité de certaines professions. Nous ne voulons pas d’une société de la précarité. C’est la raison pour laquelle le groupe des élus écologistes et citoyens sera présent à la manifestation du 17 décembre au côté des habitants et des organisations syndicales.