COMMUNIQUE DE PRESSE
Crise du covid-19 : sauvons le secteur culturel, maintenant !
Depuis le 14 mars 2020, le spectacle vivant est à l’arrêt. Du fait du confinement, il doit faire face à l’annulation en cascade des représentations et à des pertes de recettes dramatiques. Les contrats de coproduction et de cessions, les cachets des artistes, ne sont plus honorés.
A ces impacts financiers s’ajoutent des difficultés logistiques (temps de répétition perdus, télescopage prévisible des calendriers des artistes, des plannings des lieux de répétitions et des lieux de diffusion…) mais aussi matérielles (risque de perte du régime de l’intermittence, seule ressource pour les professionnels en temps d’inactivité).
Les compagnies, les artistes, les technicien.ne.s, les musicien.ne.s, les auteurs – toutes celles et ceux qui rendent possible un accès à la culture – sont en péril. A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle : nous devons agir à Nantes et partout ailleurs pour anticiper la catastrophe culturelle qui s’annonce.
Nous, élu.e.s écologistes et citoyens de Nantes et Nantes Métropole, du Conseil Régional des Pays de la Loire, militant.e.s du groupe EELV de Nantes et de l’association AVEC, demandons que soient mises en place au plus vite et à différents niveaux (national, régional, local), des mesures de soutien d’urgence pour protéger celles et ceux qui vivent de la culture et surtout la font vivre.
Nous demandons un fonds d’aides exceptionnel pour le spectacle vivant
Si nous nous félicitons que les collectivités, notamment Nantes et le Conseil Régional, se soient engagées à maintenir les subventions culturelles en période de confinement, la situation de crise actuelle nécessite des aménagements exceptionnels d’urgence :
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Nous proposons que la ville crée avec les autres collectivités territoriales un fond exceptionnel d’urgence en faveur du spectacle vivant. Porté par la Région des Pays de la Loire au titre de ses compétences économiques, ce fonds serait abondé par l’ensemble des collectivités du territoire (dont 1/3 ville de Nantes, 1/3 Nantes Métropole et 1/3 Région Pays de la Loire + Département de Loire-Atlantique). Plutôt que de financer une attraction touristique telle que l’Arbre aux hérons ou l’extension de la Cité des Congrès, dont la nécessité pour la collectivité en ces temps de crise sanitaire et de crise écologique n’est pas avérée, l’argent public pourrait servir dès maintenant à maintenir en vie le tissu culturel nantais.
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La sortie de crise n’actera pas pour autant la fin des difficultés pour le secteur culturel et il nous faut réfléchir dès maintenant à des solutions qui permettent la reprise rapide mais maitrisée des activités artistiques. Ainsi que le proposent les syndicats, la collectivité pourrait soutenir financièrement les artistes qui se mobilisent auprès de nos ainé.e.s pour lutter contre leur isolement (par exemple faire vivre de l’extérieur un moment musical ou de lecture aux résident.e.s des EPHAD à leurs fenêtres ou balcons). Également, piste soulevée par le ministre de la Culture1, dès la fin du confinement (fixé à ce jour au 11 mai), les places et parcs publics des communes pourraient s’ouvrir à des spectacles de rue adaptés, garantissant périmètres de sécurité et jauges de fréquentation réduites.
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Une fois la situation stabilisée, nous proposons la mise en place d’un temps de concertation, sous forme d’assises citoyennes de la culture, dont l’objectif serait de permettre une mise à plat des différentes problématiques rencontrées par le secteur culturel (et notamment au regard de cette crise). En lien avec les acteurs culturels, ce dispositif devra inclure une ligne budgétaire à destination des nouvelles créations afin que les compagnies puissent rebondir le plus rapidement possible.
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Cette crise est enfin l’occasion d’inventer une nouvelle dynamique, de construire de nouveaux rapports entre les collectivités et les artistes : mutualisations (des moyens, des lieux…), espaces de création en autogestion, temps fort annuel et gratuit lors duquel les équipements culturels sortent dans la rue à la rencontre des habitant.e.s, résidences d’artistes, appels à projet pour faire collaborer les artistes sur des nouveaux projets de territoire. Plus que jamais, nous avons besoin des imaginaires des artistes pour réinventer la ville et la société de demain.
La culture doit pouvoir bénéficier des droits communs
La crise sanitaire menace directement la subsistance des intermittent.e.s du spectacle qui, du fait des difficultés à venir, risquent une absence de revenus.
Pour pallier ce risque, les ministères de la Culture et du Travail ont autorisé les intermittent.e.s du spectacle à avoir accès aux droits communs du régime général, via le recours au dispositif du chômage partiel2. C’est une avancée réelle même si les spécificités de ces professions n’ont pas été toutes prises en compte et que, là aussi, il nous faut aller plus loin.
Nous appelons à ce que la ville de Nantes et les autres collectivités se mobilisent auprès de l’Etat et appuient les demandes des représentant.e.s du secteur culturel auxquelles nous nous associons (SYNAVI, SNAM CGT, Collectif culture en lutte). Ces propositions devraient être également relayées par des parlementaires au Sénat et à l’Assemble Nationale :
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La prolongation d’une année des droits de tous les artistes et technicien.ne.s intermittent.e.s au-delà de leur date anniversaire ;
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Envisager des solutions qui concerneraient toutes les activités dites intermittentes, comme le préconise la coordination des intermittents, voire envisager un revenu universel d’existence ;
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L’organisation au plus vite d’une table ronde entre les collectivités et l’État pour l’élaboration d’un plan Marshall de la culture en direction des acteurs du secteur (spectacle vivant, musées, plasticiens, auteurs, librairies, cafés-concerts, bibliothèques…).
N’attendons pas la sortie de crise, agissons dès maintenant !
1 https://www.lefigaro.fr/culture/riester-estime-que-de-petits-festivals-pourront-avoir-lieu-les-professionnels-ne-comprennent-pas-20200416
2 Si les compagnies qui les salarient en font la demande et qui permet aux intermittent.e.s du spectacle de bénéficier de 84 % de leur salaire net (70 % du brut ) lorsque leur activité est à l’arrêt totalement.