Intervention de Nicolas Martin :
Tout d’abord sur la forme, vous nous proposez de mettre en œuvre une de vos promesses de campagne sous la pression des maires de droite qui l’ont jugée tout à fait conforme à leurs demandes égrenées durant tout ce mandat. C’est à dire toujours plus de répressions et de présence policière. Après la vidéo-surveillance, porte-étendard de la politique sécuritaire de droite, nous voilà donc aujourd’hui invités à créer une police des transports qui viendra une nouvelle fois suppléer les missions de l’État. Car nous le rappelons : la lutte contre la délinquance n’est pas du ressort de la collectivité mais bien de la police nationale.
Cette décision que vous soumettez aujourd’hui n’a de surcroît et à aucun moment, été débattu en amont de ce conseil, parmi les différentes instances internes où nous siégeons et dont les membres ont été élus démocratiquement. Devons-nous comprendre dans ce cas qu’une décision prise en conférence des Maires et ensuite annoncée dans la presse, est devenue le modus operandi ? Les différentes sensibilités représentées dans cette assemblée et les quelques 70 conseillers métropolitains ont-ils et ont-elles été élus pour écouter sagement sans prendre part à la construction de cette décision ?
Nous y voyons là une défaillance de notre fonctionnement démocratique en cette fin de mandat qui n’est sûrement pas étrangère avec la période électorale…
Sur le fond, nous affirmons que c’est une mesure assez grave et lourde de sens pour ne pas la faire à la va-vite.
Comme vous le savez, nous sommes intervenus à de nombreuses reprises durant ce mandat pour affirmer que la présence humaine était une réponse adaptée pour assurer la tranquillité publique des habitants.
C’est pourquoi, nous nous prononçons clairement en faveur de la création d’une équipe de médiateurs en complément des agents de prévention de la TAN et des contrôleurs pour instaurer une relation de confiance avec les usagers, réduire les incivilités, rassurer les passagers et sécuriser les conducteurs dans l’exercice de leur métier. Les processus de médiation sont là pour réduire les incivilités et doivent permettre de faciliter le vivre ensemble dans les transports publics ainsi que le respect du bien collectif, ici comme ailleurs.
Que ce soit sur la voie publique, dans les transports, dans les lieux festifs nocturnes… nous sommes en effet convaincus que la médiation, la prévention, le dialogue jouent un rôle beaucoup efficace que les réponses sécuritaires. Il ne fait nul doute que l’apaisement de notre espace public ne passera pas par plus de contrôles de police, plus de sanctions, plus de répression. Pire encore, cela continuerait à exacerber une défiance grandissante au lieu d’apporter des réponses durables aux malaises multiples qui se cachent derrière les violences, de plus en plus prégnantes dans notre société.
De plus, nous rappelons que l’outil répressif ne fonctionne pas si derrière il n’y a pas un suivi des auteurs de délinquance, or aujourd’hui, la petite délinquance a peu de suites judiciaires. Il en résulte une insatisfaction des victimes et un accroissement du sentiment d’impunité. Pour y répondre durablement, il nous faudra travailler en partenariat pour repenser toute la chaîne éducative et judiciaire au lieu de répondre au seul segment de la répression.
Sur les horaires et le périmètre d’intervention qui nous sont présentés, nous y voyons également une démarche imparfaite.
La nuit, comme notre groupe l’a déjà évoquée, est un moment où certains publics dont les femmes sont davantage exposées aux violences. Pourquoi dans ce cas arrêter une présence rassurante à 23h30, qui est une heure encore animée, alors que le service de la TAN se termine à 1h30, voire 3h30 le week-end. De même, l’absence d’un dispositif le dimanche laisse préfigurer que les agressions et les incivilités prennent du repos ce jour là, ce que nous en doutons fortement. Nous réaffirmons que chacun et chacune a le droit de circuler librement de jour comme de nuit dans tous les lieux de la ville, c’est un enjeu d’égalité sur notre territoire.
Il en va de même pour le périmètre des interventions qui est axée sur les lignes structurantes avec nous dit-on, quelques interventions ponctuelles dans les bus. Ce périmètre semble bien incertain et nous laisse redouter que les plus petites communes de notre agglomération ne seront pas logées à la même enseigne, ce qui est en aucun cas équitable. Certes, chaque habitant-e de notre métropole est éventuellement amené à utiliser une ligne structurante mais les autres lignes qui circulent dans nos quartiers et nos 24 communes ne sont pas épargnées par l’insécurité, vécue ou ressentie.
Vous l’aurez compris, cette délibération ne nous semble pas à la hauteur des enjeux. Nous demandons que le groupe de travail restreint aux maires soit élargi pour appréhender la question de la tranquillité publique dans une démarche de consensus et d’efficacité sur le long terme et non dans une mesure démagogique, décidée sans concertation.
Dans l’attente d’une nouvelle délibération dans un prochain conseil, nous demandons qu’elle soit retirée.
Nous ne prendrons pas part au vote en l’absence de réponse favorable à notre demande.