Ce n’est plus un secret pour personne : le projet de CHU de Nantes tel qu’il est envisagé aujourd’hui fait débat, et il n’est plus possible aujourd’hui de rester sourd aux arguments apportés par les professionnel·le·s et les habitant·e·s. Il est nécessaire de faire une pause et d’étudier d’autres solutions.
Alors que le service public est apparu comme le plus à même de garantir l’intérêt général en période de crise, la pandémie a mis en lumière les conséquences délétères de décennies de démantèlement de l’hôpital public. La santé est une valeur essentielle, qui préoccupe nos concitoyen·ne·s. Si, sur le territoire nantais, le développement du CHU est un projet nécessaire qu’il nous faut mener collectivement, le site retenu et le projet envisagé ne répondent pas à ces attentes de santé.
C’est d’ailleurs un des points clés soulignés par la récente Convention Citoyenne de Nantes Métropole qui s’inquiète de la pertinence de ce projet au regard notamment de la crise actuelle (page 5 du document).
Au-delà des incertitudes financières d’un projet au coût déjà pharaonique (1 milliard d’€ et des surcoûts à venir), et de la localisation douteuse du site (peu accessible, inondable et qui ne permettra aucune extension future), c’est bien sur les enjeux capacitaires, et donc de résilience et de sécurité sanitaire territoriale, qu’il ne donne pas satisfaction.
Alors que le personnel soignant·e·s manifestait, déjà avant la crise, son épuisement, le projet entraînera la suppression de 230 lits et de 400 emplois (en plus des 100 lits déjà supprimés en 2020 en pleine pandémie et des emplois actuels insuffisants). Pour Julie Laernoes, 2ème adjointe à la Maire de Nantes et coprésidente du groupe écologiste et citoyen : “Alors que le nombre de lits sur notre territoire est déjà inférieur à la moyenne nationale (16,3 pour 100 000 hab) et que la Loire-Atlantique accueille 18 000 habitant·e·s supplémentaires chaque année, ce n’est pas uniquement avec des actes ambulatoires et des start up que nous allons pouvoir répondre aux besoins d’une population vieillissante et polypathologique !”
Les élu·e·s du groupe écologiste et citoyen avaient déjà fait valoir leur désaccord sur ce point lors de la campagne municipale, préconisant une pause sur le projet de CHU. Ils·elles seront présent·e·s à la manifestation de samedi aux côtés des collectifs de soignant·e·s et de citoyen·ne·s pour demander l’arrêt du transfert et l’organisation d’un débat démocratique à la hauteur des enjeux.
Le groupe local nantais d’Europe Ecologie Les Verts : “Si l’on prend le temps de les étudier, d’autres pistes permettant de garantir une offre de soin en proximité sont envisageables. Pourquoi pas l’option du multi-site, comme c’est le cas dans nombre de grandes villes telles que Toulouse, Lille, Bordeaux ou Strasbourg, en conservant les bâtiments récents de l’Hôtel Dieu (pavillon mère-enfant, centre Jean Monnet, laboratoire…) et en utilisant le foncier disponible près de Laennec et de l’institut de cancérologie de l’ouest”.
Plutôt qu’une offre de soins confiés à la logique néolibérale, les écologistes ont toujours milité pour une offre de service public au plus proche des habitant·e·s et l’optimisation de l’existant afin d’éviter la casse écologique (bilan carbone, dépollution, évacuation des gravats du chantier par camion, démolition d’unités récentes..).
[AVEC], association de Veille écologiste et citoyenne à Nantes : “Appuyer sur pause, réfléchir ensemble, ce n’est pas être contre le développement nécessaire du CHU, c’est se donner le choix de la meilleure option possible en matière de santé pour notre territoire”.