Budget 2020 de Nantes Métropole – Intervention de Nicolas Martin


 
 

Ce budget vient clore six années de mandat passées ensemble. Six ans ce n’est pas rien, il s’en est passé des choses.

Pendant six ans, près de 2 milliards d’euros ont été investis auprès de nos 24 communes. En ces temps de remise en cause de l’action publique, nous pouvons être fiers de cet engagement.

Car, je le rappelle, pour ne pas SUBIR les crises écologique et sociale en cours, la question n’est plus de savoir s’il faut investir, mais bien de savoir COMMENT nous devons le faire.

Alors c’est vrai, Madame la Présidente, comparé aux autres, nous faisons déjà beaucoup pour la transition écologique, et nous nous en félicitons. Mais beaucoup, au regard des faits scientifiques, ce pourrait ne pas être suffisant.

Les canicules, les inondations sont là, nous les vivons déjà.

C’est pourquoi, l’action publique DOIT évoluer. Elle doit continuer d’accompagner la vitalité des territoires, certes, mais sans en dégrader la biosphère et tout en régénérant ce qui peut encore l’être. Sans ça, s’en sera finit de sa fonction initiale de protection et d’amélioration du quotidien.

L’écologie ne plus continuer à être traitée de façon séparée, et doit être transversale à l’action publique. Surtout, elle ne peut plus rester à la marge d’une croissance urbaine et économique qui demeure le marqueur essentiel de ce mandat.

Quel est notre objectif ? Continuer de faire croire que la société des papy boomer est encore désirable, ou bien bâtir une société vivable pour les générations à venir ?

Une telle société peut-elle nous faire rêver nous interpellait M. Parpaillon lors du dernier conseil communautaire ?

Mais est-ce qu’une société qui réduit l’épanouissement de l’être humain à un message publicitaire dans une sucette lumineuse nous fait rêver ? Est-ce qu’une société où la surconsommation et le Black Friday sont les seuls horizons pour nos enfants nous fait rêver ? Permettez-moi d’en douter.

Faire rêver, Monsieur Parpaillon, ça commence d’abord par dire la vérité aux citoyens. Ensuite, ça consiste à nourrir leur besoin de sens, les mettre en mouvement vers une société qui valorise les liens de proximité et un contact retrouvé avec la nature.

Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les français, à travers les dernières études d’opinion. L’écologie fait rêver aujourd’hui, bien plus qu’un contournement routier.

Pour revenir au budget, vous parlez de continuité, Monsieur Bolo. Mais pouvons-nous nous satisfaire de continuité quand le temps est compté pour répondre à l’urgence démocratique, sociale et climatique !

1/ Pour répondre aux enjeux démocratiques, il nous faut d’abord savoir admettre qu’en tant qu’élus, nous ne pourrons pas répondre à tout. Pour cela, il nous faut cultiver l’humilité et ouvrir les rouages de l’action publique aux citoyens.

La gestion actuelle de la métropole est trop excluante, elle manque de transparence. Notre-Dame-Des-Landes, YelloPark, Arbre aux hérons, CAP 44 ou encore le dossier de ce jour sur la police des transports décidées dans la précipitation à l’abris du débat publique… Combien de projets décidés dans l’entre-soi, coupés des attentes et des besoins du terrain social ?

La gouvernance de demain, mes chers collègues, se fera avec les habitants, en s’appuyant sur l’expertise et la mobilisation des collectifs, des associations, des acteurs économiques et sociaux. Si nous restons seuls, trop sûr de nous-mêmes, il y a de grandes chances que nous passions à côté.

Il est temps de changer de méthode.

2/ Pour répondre aux enjeux économiques et sociaux, il nous faut accepter qu’en tant qu’élus, nous ne sommes pas à la tête d’une entreprise. Grossir indéfiniment, remporter des parts de marché, ne peut pas être le principal objectif qui guide l’action de notre collectivité.

Pourquoi continuer de céder à cette mode du marketing territorial qui consiste à attirer des « talents » et des entreprises qui, de toute façon, rêvent déjà de quitter l’hypertrophie parisienne ? Des millions ont été utilisé pour placarder des publicités dans le métro parisien, pour faire la promotion du VAN aux coté d’entreprises low-cost, à travers une Agence de Développement censée « attirer » de la valeur ajoutée.

Nous aurions été mieux inspirés d’utiliser cet argent pour répondre aux besoins des entreprises locales ou renforcer la qualité de nos services publics à destination des habitants, comme des nouveaux arrivants d’ailleurs.

Si grossir n’est pas un objectif, vivre mieux en ait un. Notre mission doit être de répondre d’abord aux besoins de tous les habitants et, aujourd’hui, préparer la sécurité écologique des villes.

En matière d’emplois, nous savons tous que les chiffres flatteurs d’un taux de chômage à 7,1% à l’échelle de la métropole masquent de très fortes disparités et des inégalités qui ne cessent de se creuser. Avec près de 500 millions d’investissements programmés en 2020, nous avons le devoir et les moyens via la commande publique, les outils de l’emploi et les dispositifs qui s’offrent à nous tel que « Territoire zéro chômeurs », de faire de cette métropole un exemple de ville 100% inclusive, une ville où personne ne dormirait dehors et où chacun trouverait une place utile et reconnue par la société.

Et contrairement à ce que vous avez laissé entendre, Madame la Présidente, lors du dernier conseil municipal de Nantes, nous ne sommes pas CONTRE la construction de logements sociaux. Mais la livraison de 2 000 nouveaux logements sociaux chaque année ne pourra à elle seule répondre aux 30 000 demandes en attente sur la métropole… C’est pourquoi nous sommes aussi POUR une optimisation de l’existant en agissant sur les nombreux logements sous utilisés et en proposant des solutions pour faciliter le rapprochement des nombreuses personnes isolées dans leur logement.

En revanche, nous sommes bien opposés à d’autres projets, vous les connaissez, qui ne nous paraissent pas opportuns pour respecter la trajectoire d’une limitation à + 1.5 °C que vous appelez de vos vœux.

Je pense à l’arbre aux hérons pour lequel nous n’avons pas de garanties, à l’inutilité du contournement d’Orvault, à notre opposition au déploiement de la vidéo surveillance, aux projets de stationnements en centre-ville….

Soit pas moins de 100 millions d’euros perdus sur ces seuls projets, qui auraient pu aller renforcer la transition écologique, le développement du vélo, des transports en commun et de l’autopartage.

Aussi, en tant que partenaires loyaux de la majorité, le groupe écologiste votera ce budget, mais vous comprendrez qu’il nous faudra y revenir après les élections de mars 2020.