Entre l’ambition affichée par le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire, celle de devenir un « port de référence sur la transition énergétique et écologique », et le projet d’aménagement de la zone du Carnet, la dissonance est grande. Elle est même considérable lorsque l’on constate que l’aménagement de cette zone va nécessiter l’artificialisation de 110 hectares de sols et détruire 51 hectares de zones humides. Pour l’un des derniers couloirs migratoires de l’estuaire, encore préservé des pollutions lumineuses et sonores, la menace est grande.
Préserver ce qu’il reste de la biodiversité du « dernier fleuve sauvage de France »
A l’heure du défi climatique et de la montée du niveau des eaux – le projet est prévu sur une zone dont le risque de submersion marine est avéré par les dernières prévisions des scientifiques du site Climate Central, et dont une partie avait déjà été impactée lors de la tempête Xynthia – il en va de notre responsabilité de protéger nos espaces naturels qui ont un rôle d’amortisseur des inondations. Or, soulignons que sur les 10 dernières années, rien qu’en Loire Atlantique, ce sont déjà 5 600 hectares (l’équivalent de 8 000 terrains de football) d’espaces naturels, agricoles ou forestiers qui ont disparus sous une chape de béton ou de bitume. Nous disons « stop » !
Amorcer les mutations économiques dont notre territoire a besoin
L’arrêt de l’artificialisation des terres est désormais l’une des priorités de Nantes Métropole et du Département de Loire Atlantique. Dans l’estuaire de la Loire, des espaces déjà artificialisés existent. Ils sont vacants et susceptibles d’accueillir les aménagements pour des projets d’énergie renouvelable. Nous demandons au Grand Port Maritime d’examiner en profondeur les opportunités d’une politique de densification foncière des espaces portuaires et de se pencher sur toutes les solutions alternatives.
En outre, comment est-il possible de prendre la décision aujourd’hui d’aménager ce site alors qu’on ne sait pas quelles entreprises vont être retenues, ni si elles correspondront au type de projet annoncé ? Cette aberration, rendue possible par le principe dérogatoire des sites industriels “clés en main” retenus par le Gouvernement doit être également stoppée.
Le groupe écologiste et citoyen se tient d’ailleurs prêt à participer à toute initiative de réflexion sur l’avenir du Grand Port – dont le fonctionnement dépend aujourd’hui aux deux tiers des énergies carbonées – et rappelle que ce n’est pas le projet de développement des filières des énergies marines renouvelables (EMR) qui est ici rejeté. Bien au contraire, les filières qui créent de l’emploi et amorcent les mutation économiques dont notre territoire a besoin doivent être défendues.
Aujourd’hui au conseil métropolitain, le groupe écologiste et citoyen de Nantes Métropole souhaite alerter sur ce projet, contraire au droit de l’environnement et aux engagements de notre collectivité pour lutter contre le dérèglement climatique et la disparition de la biodiversité. L’estuaire mérite un débat quant à la protection de ses espaces naturels et l’avenir de ses activités industrielles. Cette position est d’ailleurs défendue au même moment par d’autres élu.e.s écologistes, au sein de leurs institutions respectives : au conseil communautaire de la CARENE et à celui de la région Pays de La Loire. (Lire ici leur communiqué de presse).
Les élu.e.s du groupe écologiste et citoyen.