Réalisation d’une ZAC dans la commune de La Montagne : abstention des élus écologistes et citoyens – Intervention de Didier Quéraud


 
Nous le savons, la population de la métropole augmente rapidement, et nous devons relever le défi que chacun, chacune puisse se loger dignement. Nous affirmons cependant que la croissance démographique est, entre autre, la conséquence de choix de développement, de stratégie d’attractivité, qui concentrent les activités sur les pôles urbains. Ces choix sont contestables, tant ils montrent leur limite.
C’est dans cet environnement que nous devons délibérer sur la ZAC de la Gaudinière. Un dossier qui date de plus de 10 ans, qui soulève de nombreuses questions et est contesté au tribunal administratif de Nantes. Le calendrier d’adoption tombe mal, à 4 semaines des élections municipales. Pourquoi sauter le pas aujourd’hui alors que ce dossier montre des faiblesses ?
Le programme de cette ZAC, c’est environ 180 logements, dont 35 % de logements sociaux et 25 % de logements abordables. On vise ainsi à répondre aux objectifs du PLH et de la loi SRU sur la part de logements sociaux. Nous reconnaissons la volonté du maire de la Montagne de maintenir ce cap, même s’il est difficile à tenir.
La Montagne est une commune particulière, à l’espace très restreint et à la densité déjà importante dans les espaces réglementairement disponibles. Oui, construisons du logement, en priorité social et abordable, pour éviter à des ménages de passer trop de temps dans leurs déplacements pour aller travailler. Mais il faudra prévoir aussi l’espace pour les équipements publics qui doivent accompagner les nouvelles populations.
Sur le plan de la démocratie, toutes les ZAC de la Métropole font l’objet désormais d’ateliers de concertation et autres démarches de participation. Sachons rendre plus citoyenne l’action politique locale. C’est devenu un gage de qualité et de réussite.
Enfin, et ce n’est pas la moindre de nos critiques, sur le volet environnemental, c’est un projet très daté qui n’est pas conforme à la démarche ERC visant en priorité à EVITER, je dis bien en priorité EVITER, plutôt qu’à réduire ou compenser. La réalisation de la ZAC détruira des zones humides, écrit l’Autorité environnementale en janvier : « le dossier n’évoque pas la recherche de mesures d’évitement ». Philippe Audic a souligné ce matin la contrainte paradoxale qui est la nôtre : prendre en compte les grands enjeux écologiques, alors que nous devons sans cesse répondre à l’urgence. Mais à trop répondre à l’urgence sans nous soucier de l’avenir, nous l’hypothéquons. La délibération n° 1 sur le programme d’actions sur les milieux aquatiques a enfoncé le clou. Commençons dès aujourd’hui à inverser nos priorités : la préservation de l’humanité passe par celle de notre planète. Nous ne pouvons plus faire comme avant.
Non éviter de bétonner des zones humides n’est pas une broutille, et c’est possible. Pour exemple, la ville de Rezé a réduit un programme de construction aux Bourderies du fait de la présence d’une zone humide, aux Sorinières aussi il me semble. Alors, vous l’aurez compris, en l’état actuel des choses, nous ne pouvons approuver le dossier de réalisation de cette ZAC, et nous nous abstiendrons.
Nous interrogeons le passage de cette délibération à quatre semaines des élections municipales, les objectifs du PLH sur la plus petite commune de notre Métropole, la volonté politique de dialoguer avec les citoyens et notre engagement d’élus dans la démarche ERC, avec d’abord l’EVITEMENT. Nous nous opposons à l’artificialisation de zones humides entraînant la destruction irrémédiable d’habitats naturels et d’espèces protégées et dérégulant les circulations aquatiques.
Nous souhaitons que notre Métropole sache prendre le temps de son développement pour bâtir localement une société écologique solidaire, garante des équilibres nécessaires à la vie et au vivre-ensemble.