La fête n’est pas finie : inventer le futur féministe de la nuit 

Tribune publiée dans le numéro de mars 2023 de Nantes Passion

Les soirées peuvent-elles devenir plus inclusives, bienveillantes, sans discriminations ? Oui, même si ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Les festivals, les soirées appart, en club ou au bar, les free parties, etc. sont des espaces de convivialité essentiels. Il faut également les voir comme des espaces politiques et sociaux, où les relations de pouvoir et de domination se reproduisent. Les oppressions systémiques (sexisme, racisme, lgbtphobies, validisme…) qui existent le jour viennent aussi troubler nos espaces festifs : refus à l’entrée, comportements sexistes, sous-représentation dans les programmations…

Le formidable travail entamé par de nombreux collectifs et associations est déterminant pour faire reculer les comportements virilistes, les prises de risque et les discriminations. A Nantes, avec le soutien de la ville, les associations Consentis et Nous Toutes 44 mènent par exemple des sessions de sensibilisation pour former les professionnel.le.s au sujet des violences sexistes et sexuelles. Les services civiques et bénévoles du dispositif Veilleurs de soirées font aussi de la prévention et de la médiation sur le site du Hangar à Bananes. 

Aujourd’hui encore, les personnes issues de minorités sont sous-représentées dans le monde de la nuit, tant parmi les artistes que dans les équipes organisatrices et les postes à responsabilité. Le réseau Female:pressure a relevé qu’en 2021, seulement  26.9% d’artistes féminines avaient été programmées dans les festivals de musique électro. La tendance tend tout de même à s’améliorer : à Nantes, elles sont de plus en plus nombreuses à franchir le pas et à s’installer derrière les platines pour nous faire danser et nous faire rêver. Les femmes font aussi la nuit, en solo ou dans des collectifs 100% féminins, et notre scène musicale locale regorge d’artistes talentueuses et créatives.  

Faire la fête reste pour nombre d’entre nous essentiel à notre bien-être mental et social et vecteur d’émancipation. Il est donc nécessaire d’imaginer ensemble les pratiques festives de demain de manière plus inclusive, responsable et respectueuse. De nombreux Nantaises et Nantais s’investissent déjà dans ce chantier. Nous devons engager un dialogue collectif avec les professionnel.le.s et le public, en incluant des groupes minoritaires pour comprendre la fête à travers leur regard. Puisque l’après pandémie nous a montré que la fête n’est pas finie, rendons-la accueillante pour toutes et tous.