Création d'une police métropolitaine des transports – Intervention de Julie Laernoes


 
 
On voit bien que le débat sur la sécurité, dans notre ville, nous concerne toutes et tous.
Je suis une femme. Et je sais, nous savons toutes et tous, que les femmes sont les premières victimes des violences et du harcèlement.
Je suis aussi mère de famille, et comme tous les parents, il m’arrive d’être inquiète pour ce qui pourrait arriver à mes enfants.
Je suis une femme et je veux pouvoir circuler le soir, la nuit, dans ma ville, sans ressentir de peur.
Je suis une mère et je veux pour mes enfants une ville où ils n’auront pas, eux non plus à avoir peur.
Je veux également que les personnels de la TAN, les chauffeurs de bus, de tram, partent au travail sans boule au ventre.
Je suis aussi une élue du suffrage universel, comme nous tous ici. Et je sais que les citoyens attendent de nous des réponses.
Des réponses efficaces, parce qu’elles auront été travaillées, mûries, préparées.
Des réponses qui fonctionnent.
Nous avions déjà évoqué nos réserves lors du conseil métropolitain :
En plaidant pour que les réponses de la collectivité soient élaborées en étroite concertation avec l’ensemble des professionnels concernés ;
Qu’il soit pris le temps de ce travail indispensable de concertation pour élaborer des réponses durables, des réponses qui prennent la mesure d’une colère qui n’est pas née ces dernières semaines mais vient de loin et qui est profonde dans notre ville.
Les professionnels concernés, ce sont bien entendu les forces de police, les éducateurs, et les acteurs de la prévention et de la médiation ; ce sont aussi les agents de la Tan, qui se rassemblent aujourd’hui, les employeurs et salariés des restaurants, des bars et des commerces de nuit qui ont manifesté la semaine dernière.
Nous savons la tension, le ras le bol qui les gagne, l’inquiétude. Notre responsabilité est de l’entendre et d’y répondre.
J’ai parlé des réserves que nous avions exprimées lors du conseil métropolitain. Je reviens ici sur l’une d’elles, qui est capitale.
Il est exact, je l’ai déjà dit, que les faits de délinquance ont augmenté dans notre ville. Certains parlent de recul de l’Etat de droit, je vois d’abord un recul de l’Etat : la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui ne vient pas de nulle part. Elle est la conséquence d’un désengagement de l’Etat, sous ce gouvernement comme hélas sous les précédents, qui refuse d’accorder à Nantes les effectifs et les moyens adaptés à garantir la sécurité du quotidien, malgré les demandes répétées de la collectivité.
C’est le recul de l’Etat, à Nantes ou ailleurs, qui place les collectivités dans une situation insupportable de responsabilité sans moyens. J’ai travaillé en Seine-Saint-Denis il y a déjà plusieurs années, dans une commune qui souffrait également de tensions réelles et de faits de violence. Et déjà, nous constations le retrait de l’Etat de ses missions régaliennes, faute d’anticiper les dynamiques démographiques à l’œuvre.
Lorsqu’une ville et une métropole grandissent, les services publics, tous les services publics doivent suivre. Les écoles, les crèches, les services de santé mais oui, aussi, les moyens de la sécurité publique. Certaines de ces compétences relèvent de la ville ou de la métropole, mais la sécurité et la lutte contre la délinquance sont une compétence de l’Etat, une compétence que l’Etat n’assume pas correctement dans notre ville.
Pour autant, nous ne pouvons pas nous arrêter à déplorer cette insuffisance de l’Etat. En dernier ressort, c’est à leurs élu.e.s que les Nantaises et les Nantais demandent de faire quelque chose. Et le premier devoir d’un maire, c’est de protéger ses habitants.
Nous avons été constants, nous le groupe des élus écologistes et citoyens, pendant tout ce mandat sur ce sujet aussi important, sérieux que complexe. De ne pas céder à la facilité, en prétendant que la multiplication des caméras de vidéosurveillance réglerait le problème. En réclamant une présence humaine chargée de rassurer, de prévenir et de dialoguer.
Oui il faut plus de présence humaine ! Et c’est bien l’objet de cette délibération.
Les élu-e-s écologistes et citoyens voteront donc en cohérence pour cette délibération.
En émettant un certain nombre de réserves et en posant des garde-fous à son application, à savoir :
les conditions de recrutement et de formation des agents,
le contenu de ces formations,
les missions précises qui leur seront affectées,
leurs équipements et leurs conditions de travail.
Nous procéderons à une évaluation qui sera rendue publique en impliquant les usagers de la TAN ainsi que ses professionnels.
Je souhaite partager, enfin, une inquiétude. Car nous l’avons vu à l’oeuvre dans toutes les villes concernées par les problèmes liés à la sécurité : plus les villes ont augmenté leurs effectifs de police municipale, plus l’Etat s’en est servi pour se désengager.
Il ne faudrait pas que l’augmentation des forces de police municipale serve comme prétexte à l’Etat pour se désengager encore un peu plus. Car les missions de la police municipale ne sont pas les mêmes que celles qui relèvent de la police nationale.
Dans notre ville, il faut que nous misions vraiment et avant tout sur la prévention et la médiation. Il faut cesser de céder à la facilité et à des réponses qui se résumeraient à plus de caméras et des policiers de plus en plus armés. Il faut enfin prendre à bras le corps la question de la sécurité, réellement, dans toute sa globalité.